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Les vins de Loire, et notamment la Loire "Atlantique"
(jusqu'à Angers), ne font pas souvent l'objet d'éloges de la part des
leaders d'opinion qui font aujourd'hui la pluie et le beau temps sur nos
vignobles.
C'est donc avec beaucoup de plaisir que nous reproduisons ici une
partie de la chronique mensuelle d'Olivier Poussier, meilleur sommelier
du monde, dans La Revue du Vin de France (avril 2003). Il rétablit
quelques vérités au travers des vins de deux viticulteurs respectés
de notre région. "Comme chaque année, je me suis rendu avec allégresse au Salon des vins de Loire pour y découvrir le millésime 2002. Une passion me lie à ce vignoble. D'abord, parce que les terroirs septentrionaux sont exigeants avec la vigne. Faute de soleil, c'est dans le sol que la plante puise les éléments nécessaires à sa maturité. Conséquence, on trouve sous ces latitudes une expression du terroir plus limpide dans le fruit. Ensuite la Loire a su garder ses distances avec le goût international. Quelle bonne idée ! Ici, point de surmaturité ni de vins confiturés : lorsque le vigneron pratique des rendements modérés, on obtient une fraîcheur aromatique sans égal. Je vous invite ici à découvrir une sélection des vins blancs secs de la Loire occidentale, là où l'influence océanique joue un rôle non négligeable. Le millésime 2002 s'annonce en effet excellent pour les vins blancs secs (les rouges m'ont paru plus irréguliers, notamment en Anjou). J'ai été subjugué par les muscadets de Guy Bossard (cuvées Gneiss, Orthogneiss et Granit). On reste pantois devant un tel niveau de maturité obtenu avec le cépage melon, sans chaptalisation. Dans un vignoble aussi septentrional que celui-ci, de tels résultats impliquent un travail extrêmement rigoureux de la vigne (biodynamie maîtrisée, labours des sols, absence de produits de synthèse) et des rendements très faibles. La cuvée Orthogneiss, en particulier, est une merveille, avec un nez épicé, des arômes de fruits blancs, de touches florales, une belle minéralité et un gras phénoménal en bouche. Goûtez-la avec une salade de la mer (pourpier et pousses d'épinard, coques, moules, couteaux) Ce sont toutes les nuances et l'harmonie de l'Ouest océanique, on est sous le charme. Deuxième coup de cœur, les vins des coteaux de la Loire produits par Jacques Guindon (domaine Guindon). Avec des parcelles disposées sur des filons granitiques typiques des coteaux de la Loire (entremêlées de veines de schistes naturellement), ce domaine produit un muscadet (100% melon) qui, dans le millésime 2002, est enthousiasmant. Minéralité, gras, notes de gingembre et persistance en bouche, tout y est. E puis, tant que vous y êtes, attardez-sous sur les malvoisies des Guindon. Il y a 6 ou 7 ans, alors que j'étais encore simple sommelier chez Lenôtre, l'ami Guindon m'avait déjà époustouflé avec ses vieilles malvoisies (le nom poétique donné localement au pinot gris). Je me souviens notamment d'une malvoisie 1975 qui, par sa couleur topaze clair et son nez de poire, avait endossé les atours royaux souvent réservés au chenin. Eh bien, j'ai retrouvé l'émotion de mes débuts, intacte, en goûtant la malvoisie 2002 de Jacques Guindon. Le nez surtout, avec des notes de poires juteuses (passe-crassane, comice) est d'une gourmandise envoûtante. La méthode est d'une simplicité déconcertante : récolte entre 13 et 13,5° macération arrêtée à 11,4°, ajout de 40 grammes de sucre par litre. Quel équilibre ! On en boirait des jéroboams ! "
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